Samedi 29 avril, ils étaient quinze à se lancer dans l’aventure, participer à une animation auprès d’enfants d’un camp rom : un groupe composé de jeunes de l’aumônerie Batignolles Jeunes et/ou animateurs de la Maison Ozanam et de jeunes du CEPIJE.
Destination Villeneuve-d’Ascq où les attendait le père Arthur, familier des lieux. D’abord « briefés » par Alexis, les jeunes ont passé l’après-midi à jouer avec ces enfants sur une pelouse à proximité du camp. Le contact a été simple et tous ont été beaucoup touchés. Cette expérience a été vraiment décapante et a fait dire au prêtre qui accompagnait cette démarche qu’ « il avait goûté le Royaume des Cieux » pendant ce moment.
Pour voir la vidéo de la rencontre.
Chloé, en service civique à la Maison, témoigne de ce qu’elle a vécu :
» Nous sommes un petit groupe de grands collégiens, lycéens et jeunes pro à avoir décidé de sortir de notre confort quotidien pour aller à la rencontre de familles roms vivant près de Lille. Nous avons rejoint des jeunes de l’aumônerie étudiante de Lille, qui ont lancé en début d’année le projet Décap’coeur. Ils vont une fois par mois jouer avec les enfants du camp, et parler un peu de religion avec eux.
Je pense que plusieurs choses nous ont marqués. Avant d’être confrontés à la réalité même du camp, quelques jeunes filles sont venues nous trouver sur la route pour nous annoncer la mort très récente d’un des leurs. Bien que nous ne comprenions pas tout, c’était un moment vraiment très fort qui nous a finalement dès lors permis de nous lier à la communauté, notamment grâce à la prière que nous avons récitée ensemble.
La deuxième grande épreuve de cette journée, selon moi, a été notre arrivée au camp. C’était la première fois que nous étions confrontés à une réalité si brutale, à quelque chose que l’on ne s’attend pas à voir en France, un lieu de vie et d’habitation de plusieurs familles dont le sol est jonché d’ordures.
Mais finalement, la très grande spontanéité avec laquelle les enfants nous ont accueillis, comme si nous nous connaissions depuis longtemps, et le fait que nous allions jouer sur une grande pelouse nous a permis d’éloigner de nos pensées la réalité du camp et de nous concentrer sur les jeunes.
Une partie de foot s’est mise en place directement avec quelques jeunes et volontaires, tandis que d’autres ont apporté de la vie aux murs gris grâce aux craies de couleurs que nous avions prises avec nous. Les petits jeux et activités que nous avons organisés ensuite ne demandaient pas davantage de matériel, seulement le désir de s’amuser, présent chez nous tous. Aucunement besoin de moyens importants pour se divertir.
Pour marquer la fin du temps de jeu, une chose selon moi très importante a été faite par le père : il a mis en valeur les efforts faits par chaque jeune, même les choses les plus simples. Il est très important de montrer aux jeunes que l’on a vu leurs progrès et de les encourager à continuer ainsi.
Nous avons ensuite fait un petit temps spirituel, pendant lequel le père a raconté et mimé – en faisant participer tout le monde – de manière simple la mort et la résurrection du Christ.
Quand le moment est venu de se dire au revoir, cela a été difficile, mais surtout long, car autant du côté des volontaires que du côté des enfants, il y avait encore une grande envie de partager plein de choses avec l’autre.
Le temps de relecture de l’après-midi qui a suivi a été riche en émotions, et a fait remonter une prise de conscience importante de la pauvreté qui nous entoure. Il n’est pas nécessaire de faire des milliers de kilomètres pour aider les autres, quand des familles dans le besoin vivent parfois à quelques mètres de chez nous. Ces quelques heures nous ont permis de prendre du recul sur nous-même et notre façon de vivre. Je pense que les rires des enfants résonneront encore longtemps à nos oreilles.
Cette journée nous a permis de nous recentrer sur l’essentiel, et de nous rappeler que les relations les plus simples sont celles qui nous apportent la joie la plus pure. Pas d’orgueil à tirer de cette expérience, simplement une joie humble. »
« Car un cœur miséricordieux a le courage d’abandonner le confort ; un cœur miséricordieux sait aller à la rencontre des autres, il parvient à embrasser tout le monde. Un cœur miséricordieux sait être un refuge pour celui qui n’a jamais eu une maison ou l’a perdue, il sait créer une atmosphère de maison et de famille pour celui qui a dû migrer, il est capable de tendresse et de compassion. » (Pape François, Błonia – JMJ, 28 VII 2016)